Hernie des crucifères en culture de colza
Plasmodiophora brassicae
La hernie des crucifères est une maladie très fréquente des crucifères qui affecte de très nombreuses plantes cultivées ainsi que des adventices de cette même famille. Cette maladie racinaire est causée par le champignon phytopathogène Plasmodiophora brassicae.
Symptômes
Feuillage
• Flétrissement voire sénescence du feuillage.
• Croissance ralentie.
• Rougissement du feuillage dans certains cas.
Racine
• La hernie du chou cause des galles de forme et de taille variable dans le système racinaire de la plante. Ces déformations peuvent apparaître dès l’automne et évoluent jusqu’à pourrir en entraînant la mort de la plante dans la majorité des cas.
Cycle de développement
Plasmodiophora brassicae est un pathogène qui se multiplie uniquement dans les tissus racinaires des plantes hôtes qu’il parasite. Il peut survire plusieurs années dans le sol en phase de dormance, sous forme de spores. Celles-ci peuvent être disséminées par l’eau (drainage, pluie, etc). En présence d’une plante hôte compatible qu’elles détectent par les exsudats racinaires, les spores germent pour libérer des zoospores, mobiles dans l’eau.
Facteurs favorables
Différents facteurs et pratiques peuvent être favorables au développement de la maladie.
Des facteurs pédologiques et climatiques :
• Un sol limoneux, acide et régulièrement saturé en eau.
• Une température entre 20 et 25°C et une humidité relative du sol élevée (>80%).
• Une irrigation excessive ou des pluies trop abondantes.
Des pratiques culturales :
• Des repousses de colza ou la présence d’adventices de la famille des crucifères (moutarde, capselle) sur la parcelle. La présence trop répétitive de colza dans la rotation ou l’utilisation de CIPAN de la famille des crucifères est aussi bénéfique au développement de la maladie.
• Un sol trop acide en l’absence de chaulage.
• Un sol engorgé en eau si le drainage est insuffisant.
• Matériel non désinfecté entre les interventions.
Dégâts
La hernie des crucifères peut occasionner des dégâts assez importants. Une fois que les symptômes sont visibles sur les feuilles, le champignon est déjà bien installé sur le système racinaire.
Plantes hôtes
De très nombreuses plantes de la famille des crucifères sont hôtes de Plasmodiophora brassicae. Le colza, les choux, le brocoli ainsi que les mauvaises herbes cette famille (moutarde, ravenelle, capselle, …).
Gestion intégrée* de la hernie des crucifères en colza
Afin d’éviter le développement de la maladie, il est nécessaire de pratiquer des rotations, avec pour objectif d’éviter des plantes de la famille des Brassicacées (colza ou autre) sur les mêmes parcelles année après année. Durant cette période, la destruction des repousses et des adventices est importante.
En Wallonie, pour le colza, la rotation d’au moins une année sur trois est une obligation de niveau 2 selon le cahier des charges de la lutte intégrée, obligatoire pour tous les professionnels.
D’autres mesures préventives peuvent être prises :
• L’utilisation de variétés résistantes et tolérantes est recommandée.
• Si le sol est acide, le chaulage (à appliquer après la récolte du colza) peut être envisagé pour stabiliser le sol à pH 7. Cela permettra de diminuer la sévérité d’une éventuelle attaque ultérieure.
• Certaines cultures comme la luzerne et le maïs peuvent également diminuer la quantité d’inoculum.
• Il est fortement déconseillé d'introduire des CIPAN à base de brassicacées dans les rotations avec colza sur les parcelles touchées par la hernie.
• En cas d’incidence de la maladie, il est recommandé d’évacuer les plants infectés ainsi que de nettoyer les outils et le tracteur afin de limiter l’expansion du parasite par transfert de terre infectée car celui-ci est inféodé au sol. Au sein de la parcelle infectée, les zones les plus contaminées doivent être travaillées en dernier.
• La solarisation, bien que peu répandue en Belgique, semble être une mesure efficace pour la réduction de l’inoculum.
TRAITEMENTS EVENTUELS
A ce jour, il n’existe aucune méthode de lutte chimique contre la hernie du chou. Les méthodes de lutte biologique sont également inefficaces. Il est donc indispensable de mettre en place des mesures de prévention.
* La lutte intégrée, obligatoire pour tous les professionnels en Wallonie, consiste (selon Directive européenne 91/414/CEE) en « l'application rationnelle d'une combinaison de mesures biologiques, biotechnologiques, chimiques, physiques, culturales ou intéressant la sélection des végétaux dans laquelle l'emploi de produits chimiques phytopharmaceutiques est limité au strict nécessaire pour maintenir la présence des organismes nuisibles en dessous de seuil à partir duquel apparaissent des dommages ou une perte économiquement inacceptables.