Fusariose ou pourriture sèche de la pomme de terre
Fusarium solani var. coeruleum et Fusarium roseum var. sambucinum
Symptômes et dégâts
Sur les tubercules :
- Les tubercules coupés en deux présentent des cavités brunâtres.
- Un mycélium blanchâtre se développe dans les cavités et peut déborder sur l’épiderme. Des rides concentriques peuvent aussi être visibles sur l’épiderme.
- Le tubercule se déssèche (pourriture sèche) et devient dur.
- Par la suite, les zones atteintes peuvent être infectées par des bactéries entrainant des pourritures molles en cas d’humidité importante.
Le champignon se développe lorsque les conditions de récolte et de stockage sont mauvaises et peut provoquer des problèmes de germination et des manques à la levée. L’industrie refuse régulièrement des lots dont un trop grand nombre de tubercules est infecté par la fusariose.
Biologie du pathogène
- Plantes hôtes : D’autres cultures semblent être porteuses de la maladie : la carotte, la betterave, le maïs ou encore le blé. Mais des dégâts significatifs ne sont observés qu’en pommes de terre.
- Cycle de vie : Les principales sources d’inoculum proviennent du sol, des débris végétaux et des tubercules (plants ou dans le sol) infectés. L’inoculum est dès lors capable de se développer dans le sol environnant. Cependant, le champignon ne peut infecter les plants dont le périderme et les lenticelles sont intacts. Les risques sont donc surtout présents lors de la plantation et de la récolte. Lors de la récolte, la quantité importante de spores présente sur la surface des tubercules atteints peut infecter les autres tubercules et les équipements.
- Facteurs favorables au développement de la pourriture sèche : Les blessures sur les tubercules augmentent les risquent de contamination. Pendant le stockage, le pathogène se développe rapidement en conditions humides et à des températures de 15-20°C. Une humidité et des températures plus basses retardent l’infection et le développement de la maladie. Cependant, les pourritures sèches peuvent continuer à se développer lentement.
Gestion intégrée de la fusariose en culture de pommes de terre
Les principes généraux en matière de lutte intégrée contre les ennemis des cultures ont été fixés par le Gouvernement wallon. La lutte intégrée est obligatoire et les mesures sont regroupées dans un cahier des charges. Integreted pest management (IPM).
A. Méthodes préventives | prophylaxie
- Rotation : Une rotation de min 4 ans est obligatoire et permet de limiter l’impact de la maladie.
- Choix des plants : L’utilisation de plants certifiés sains et non blessés limitera la contamination.
Défanage et récolte
- Eviter un délai entre le défanage et la récolte supérieur à trois semaines.
- Eviter au maximum les coups et blessures aux tubercules car la maladie se développe préférentiellement à ce niveau.
Post-récolte
- Désinfecter le matériel et les locaux de stockage.
- Limiter les coups et blessures lors de la récolte et de la manutention.
- Sécher correctement les tubercules avant l’entreposage.
- Retirer les tubercules en mauvais état.
- Favoriser l’étape de cicatrisation en jouant sur les conditions de stockage (humidité élevée, circulation d’air, température moyenne (10-15°C), quand la récolte est saine).
- Assurer une humidité faible et une température basse (4 à 7°C) des locaux de stockage.
- Traiter contre la fusariose avec un fongicide autorisé (voir section “Traitements éventuels”).
B. Traitements éventuels
Les observations restent indispensables pour estimer la pression en maladies et l’utilité d’un éventuel traitement.
La législation et les produits autorisés étant en constante évolution, nous vous invitons à consulter régulièrement phytoweb.
Pour tout usage d’un pesticide, veillez à lire l’étiquette et à bien respecter les conditions et les conseils d’utilisation afin de garantir l’efficacité du traitement et la préservation de l’environnement !
C. Cahier des charges du Gouvernement wallon
Les principes généraux en matière de lutte intégrée contre les ennemis des cultures ont été fixés par le Gouvernement wallon. Ils sont regroupés dans un cahier des charges présenté en annexes 1 et 2 de l’Arrêté Ministériel du 6 mars 2019 modifiant les annexes de l'Arrêté Ministériel du 26 janvier 2017 portant sur l'exécution de l'Arrêté du Gouvernement Wallon du 10 novembre 2016 relatif à la lutte intégrée contre les ennemis des cultures. Ce cahier des charges peut être consulté ici.
Dans ce cahier des charges, les huit grands principes qui doivent être respectés dans le cadre de la lutte intégrée sont déclinés en actions de 3 niveaux d’obligation.
Sources | Pour aller plus loin
ACTA, (2016), Guide pratique de défense des cultures, pp 352.
Agrireseau.net, (1992), https://www.agrireseau.net/pdt/documents/Entreposage.pdf
ONU, (2014), Plants de pomme de terre, Guide de la CEE-ONU sur les maladies, parasites et défauts des plants de pomme de terre, New-York, Genève.
Pestinfo-Wiki, (2019), Fusarium coeruleum, En ligne, consulté le 08/08/2023.
Pestinfo-Wiki, (2023), Fusarium sambucinum, En ligne, consulté le 08/08/2023.
Pestinfo-Wiki, (2022), Neocosmospora solani, En ligne, consulté le 08/08/2023.
Sur le site internet de la FIWAP (Filière Walonne de la Pomme de terre), divers documents relatifs à la gestion des plants : réception, conservation, traitements divers, plantation, etc. sont disponbiles.
Légende:
: Gravité du symptôme (varie graduellement entre vert, orange et rouge)
: Fréquence du symptôme
: Integreted pest management (Lutte intégrée)