Cercosporiose de la betterave
Cercospora beticola
Symptômes et dégâts
Sur les parties aériennes
- De petites taches rondes grisâtres isolées et entourées d’un halo brun/rouge sont observables sur les feuilles plus âgées et plus externes du bouquet foliaire. Ces taches sont observables sur les faces supérieures.
- En conditions humides, des petits points noirs (conidies) sont observables au centre des taches sur la face inférieure.
- Les feuilles fortement touchées jaunissent et confluent, ce qui entraine le dessèchement d’une partie importante de la feuille.
Cette maladie est la plus préjudiciable en culture de betterave avec des pertes de rendement pouvant atteindre 20%. Lorsque la plante est fortement touchée, elle va produire de nouvelles feuilles ce qui entraine une diminution de 1 à 2% de la richesse en sucre de la racine.
Confusion possible avec la ramulariose : les taches de la ramulariose sont plus grandes, plus irrégulières et anguleuses. Contrairement à la cercosporiose, elles n’ont pas de petit point au centre des tâches (visible à la loupe).
Biologie de la cercosporiose de la betterave
- Plantes hôtes : Luzerne, laitue, épinard, quinoa, bette.
- Facteurs favorables au développement : Les conidies germent lorsque l’humidité relative est d’au moins 80% ou que de l’eau libre est présente sur les feuilles.Le développement du champignon requiert des températures élevées, entre 25 et 30°C.
- Cycle de vie :
- L’inoculum primaire est constitué des semences infectées, des résidus de culture (feuilles et collets) ou de certaines adventices (plantain, luzerne, chénopodes…) sur lesquels le champignon peut survivre plusieurs années (pseudo sclérotes) ou plusieurs mois (conidies).
- Lorsque le climat est chaud et humide, les spores peuvent germer sur les feuilles et contaminer la betterave, les premières nécroses apparaissent.
- En quelques jours, les taches sporulantes se forment sur la face inférieure et les conidiophores apparaissent. Ces derniers vont produire des conidies qui vont engendrer un nouveau cycle de contamination.
- Entre juillet et septembre, un cycle complet a une durée de 15 jours en conditions moyennes.
Gestion intégrée de la cercosporiose en culture de betteraves
Les principes généraux en matière de lutte intégrée contre les ennemis des cultures ont été fixés par le Gouvernement wallon. La lutte intégrée est obligatoire et les mesures sont regroupées dans un cahier de charge. Integreted pest management (IPM).
La lutte intégrée contre le mildiou repose exclusivement sur des mesures agronomiques et prophylactiques. Empêcher l’installation de foyers primaires dans la parcelle est primordial.
A. Mesures agronomiques préalables à la culture
- Rotation : Les conidies de cercosporiose ne sont disséminées par le vent que sur une centaine de mètres. Au niveau de la parcelle, ce sont principalement les éclaboussures de pluie et certains insectes qui sont responsables de la dispersion du pathogène. Une parcelle qui n’a pas d’historique de la maladie et qui n’est pas proche d’autres parcelles contaminées a donc moins de chance de subir une attaque. Pour limiter les risques, une rotation de 3 années sans culture de la famille des Chenopodiaceae est vivement conseillée.
- Choix variétal : Lors de la plantation, le choix variétal est primordial (à retrouver sur le site de l’IRBAB). Les variétés les plus productives sont, souvent, également les plus sensibles face à cette maladie.
- Gestion des déchets : L’inoculum primaire provient notamment des résidus de culture infectés. Il faut donc veiller à enfouir les résidus par un labour profond. Cette mesure permet également de stimuler le développement du champignon avant que la plante ne soit présente, ce qui mène à la mort du pathogène. Les techniques de non-labours ne sont pas conseillées pour la lutte contre la cercosporiose.
- Choix des plants : Il est primordial de semer des semences saines ou traitées à l’eau chaude de manière à ne pas introduire le pathogène dans la culture.
B. En cours de végétation
- Gestion des foyers d’infection : Il faut ensuite veiller à contrôler les repousses de betteraves et certaines adventices (Amaranthus, Atriplex, Chenopodium, Plantago …) qui peuvent être des sources d’inoculum primaire.
- Irrigation : Le champignon nécessite de longues périodes d’humectation des feuilles pour assurer son développement et sa dissémination. Il est donc nécessaire d’éviter l’irrigation par aspersion ou la réduire et la planifier de manière à minimiser la présence d’une pellicule d’eau sur le feuillage.
- Fertilisation : Enfin, un excès de fumure azotée doit être évité car une croissance excessive du feuillage augmente le risque d’infection.
- Mesure d’hygiène : Veillez à nettoyer les machines pour éviter de disperser la maladie.
C. Traitements éventuels
Les observations restent indispensables pour estimer la pression en maladies et l’utilité d’un éventuel traitement.
Les avertissements de l’IRBAB émis durant la saison culturale peuvent aider à suveiller l’évolution des populations et à optimiser les traitements éventuels.
Le seuil préconisé par l’IRBAB pour un traitement chimique est de 5% des feuilles touchées avant le 20/08 et 20% des feuilles touchées après le 20/08. Pour évaluer le pourcentage de feuilles atteintes, 100 feuilles doivent être prélevées sur des plantes différentes. Il est important d’éviter les jeunes feuilles, les feuilles flétries et les feuilles à la base du bouquet. Il est également préférable de prélever toutes les feuilles avant de les observer.
La législation et les produits autorisés étant en constante évolution, nous vous invitons à consulter régulièrement les sites de l’IRBAB ainsi que phytoweb.
Pour tout usage d’un pesticide, veillez à lire l’étiquette et à bien respecter les conditions et les conseils d’utilisation afin de garantir l’efficacité du traitement et la préservation de l’environnement !
Pour aller plus loin | Sources
Sur le site internet de l’IRBAB (Institut Royal Belge pour l'Amélioration de la Betterave asbl), divers documents relatifs à la gestion des plants : réception, conservation, traitements divers, plantation, etc. sont disponbiles.
Voici une carte des champs d’observation actualisée régulièrement selon les données transmises du terrain en 2024.
- IRBAB, SPW, (2024), Fongi Memo 2024.
- ACTA, (2016), Guide pratique de défense des cultures, p 189.
- Ephytia, (2017), Cercospora beticola, En ligne, consulté le 16/07/24.
- ITB, (2024), La cercosporiose, En ligne, consulté le 16/07/24
Légende:
: Gravité du symptôme (varie graduellement entre vert, orange et rouge)
: Fréquence du symptôme
: Integreted pest management (Lutte intégrée)