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Mildiou | Pomme de terre

Phytophthora infestans

 

Symptômes et dégâts

Sur les parties aériennes 

  • Larges taches brunes à l’aspect huileux entourées d’une auréole vert clair
  • Mycélium blanc sur la face inférieure des taches
  • Dessèchement du centre des taches 
  • Taches brunes sur les tiges et les pétioles qui peuvent entrainer des cassures sur les jeunes plantes

Sur les tubercules 

  • Taches brunâtres sur l’épiderme
  • Zones marbrées de couleur rouille dans la chair donnant l’aspect d’une pourriture sèche

Dans le cas d’une attaque précoce, les pertes de rendement peuvent aller jusqu’à 75%. Les attaques sur tubercules entrainent des problèmes de conservation. Il s’agit de la maladie la plus problématique en pommes de terre en Belgique.

Biologie du mildiou en pomme de terre

biologie du pathogène

  • Plantes hôtes : Le champignon est un pathogène important de la pomme de terre et de la tomate sur lesquelles il cause de gros dégâts. Il se conserve sur certaines autres Solanacées (aubergine, piment) ou sur des adventices (morelle noire, datura stramoine).
  • Cycle de vie : Il se conserve par l'intermédiaire d'oospores (spores sexuelles de survie) dans les tissus malades, dans les sols et dans les débris végétaux.Il se conserve également sous la forme de mycélium à l'intérieur des tubercules contaminés.
  • Facteurs favorables au développement du mildiou : Ce pathogène est influencé par les conditions climatiques : une pellicule d’eau sur les folioles est nécessaire pour la germination et l’infection des zoospores (spores asexuées). Le pathogène est favorisé par une humidité relative importante (90%) et par des températures comprises entre 10 et 25°C. Une période sèche prolongée ou des températures supérieures à 30°C empêchent le développement.

Gestion intégrée du mildiou en culture de pommes de terre

Les principes généraux en matière de lutte intégrée contre les ennemis des cultures ont été fixés par le Gouvernement wallon. La lutte intégrée est obligatoire et les mesures sont regroupées dans un cahier de charge. Integreted pest management (IPM).

La lutte intégrée contre le mildiou repose exclusivement sur des mesures agronomiques et prophylactiques. Empêcher l’installation de foyers primaires dans la parcelle est primordial.

IPM

A. Mesures agronomiques préalables à la culture

  • Rotation : La rotation s’y retrouve. Elle est très utilisée et permet de réduire le risque d’infection. Un délai d’au moins 4 ans est recommandé entre deux cultures de pommes de terre mais en règle générale, plus on allonge la rotation moins les risques seront importants. Bien que peu fréquentes en Belgique, il est conseillé d’éviter les plantes hôtes dans la rotation ou les cultures voisines.
  • Choix variétal : La sensibilité variétale varie fortement et celles ayant un feuillage très développé présentent plus de risques d’infection.
  • Gestion des déchets : il est obligatoire de détruire les repousses sur les tas d’écart de triage (tas de déchets) et sur les tas de terre de déterrage qui sont des foyers primaires d’infection. Les déchets peuvent être mélangés avec de la chaux vive (1 dose de chaux vive pour 10 doses de déchets) ou être recouverts par des baches noires étanches. 
  • Choix des plants : L’utilisation de plants certifiés permet de limiter les infections par des plants malades mais ne diminuera pas les infections foliaires provenant de sources voisines.

B. Avant la plantation 

  • Une surfertilisation azotée entraine une croissance excessive du feuillage et augmente le risque d’infection.

C. Plantation

  • Assurer une plantation assez profonde et un bon volume de buttes afin d’éviter la contamination des tubercules exposés par les spores provenant du feuillage.
  • Une température du sol d’au moins 10 °C est conseillée.
  • Les zones humides favorables aux infections par la jambe noire et le mildiou sont déconseillées.
  • Les variétés très précoces plantées tôt peuvent avoir fini leur cycle de développement au moment des fortes infections par le mildiou.
  • Orienter les rangs dans le sens des vents dominants permet une meilleure circulation du vent et un séchage plus rapide des feuilles, ce qui est défavorable au développement de la maladie.

D. En cours de végétation 

  • Détruire les repousses de pommes de terre dans les autres cultures car elles constituent les premiers foyers d’infection dans les parcelles.
  • L’irrigation par aspersion doit être réduite au maximum ou planifiée afin de réduire la présence d’une pellicule d’eau sur les feuilles.

E. Défanage et récolte

  • Défaner en fin de végétation et s’assurer que le défanage est total.
  • Un délai de 2 semaines entre le défanage et la récolte permet parfois aux tubercules atteints de pourrir et permet à l’épiderme des tubercules sains de se renforcer.
  • Limiter les dommages aux tubercules permettra de diminuer les portes d’entrée pour le pathogène et évitera les contaminations lors du stockage.

F. Traitements éventuels

Les observations restent indispensables pour estimer la pression en maladies et l’utilité d’un éventuel traitement.

Le CARAH, le CRAW et le réseau Agromet co-gèrent le réseau d’avertissements et mettent en place des systèmes d'aide à la décision pour la lutte contre le mildiou de la pomme de terre en Région wallonne. Ils apportent des conseils importants quant aux périodes les plus propices aux infections par le pathogène afin de permettre une intervention préventive contre le mildiou.

La législation et les produits autorisés étant en constante évolution, nous vous invitons à consulter régulièrement phytoweb.

Pour tout usage d’un pesticide, veillez à lire l’étiquette et à bien respecter les conditions et les conseils d’utilisation afin de garantir l’efficacité du traitement et la préservation de l’environnement !

Pour aller plus loin | Sources

Sur le site internet de la FIWAP (Filière Walonne de la Pomme de terre), divers documents relatifs à la gestion des plants : réception, conservation, traitements divers, plantation, etc. sont disponbiles.

FIWAP

  • ACTA, (2016), Guide pratique de défense des cultures, pp 340-345.
  • Ephytia, (2021), Phytophthora infestans, Mildiou des Solanacées, En ligne, consulté le 08/08/2023.
  • ONU, (2014), Plants de pomme de terre, Guide de la CEE-ONU sur les maladies, parasites et défauts des plants de pomme de terre, New-York, Genève.

 

Légende: 

: Gravité du symptôme (varie graduellement entre vert, orange et rouge)

 : Fréquence du symptôme

 : Integreted pest management (Lutte intégrée)